28 Décembre 2011
DAY ONE


 Je suis une menteuse.
 
Je crois que c'est pour ça que j'ai toujours été attiré par des métiers comme actrice, scénariste, publicitaire, écrivain. Être humain.
Toutes mes réalités sont des mensonges, car ma réalité n'est qu'un jeu. Ma vie est un mauvais sitcom, alors j'ai décidé de la réécrire. Avec mes dialogues, mes péripéties, mes Season Finale.
My game, my rules.


Écrivain... C'est juste un mot, mais c'est comme un ami. Je crois qu'il a toujours été là, enfouie dans mon coeur d'enfant rêveur. Au départ c'était « raconteuse d'histoire ». Finalement, c'est assez proche de « menteuse ». Finalement, j'ai peut être réussis... Si seulement j'avais encore des mots.
Mais c'est le néant à l'intérieur, et je ne sais pas comment écrire ça. C'est la page blanche, le trou noir. Black out.
Où sont passés tous les mots qui vivaient en moi ? Les personnages, les intrigues, les premiers chapitres, les rebondissements, les dialogues, les dernières phrases ?


Va savoir pourquoi je suis encore habillée à trois heures du matin... Pourquoi je suis pas en train d'écrire le prochain best-seller, pourquoi je sais plus raconter d'histoire... Je ne pensais pas être un jour à court de mot. Pas si tôt.

Vide.

Je n'ai plus que des bribes de récits que je tente vainement de coudre les uns aux autres.
Combler le blanc.
Tant pis si ça n'a pas de sens, si ça n'a pas de fond, si ça n'a pas de forme.


Tu vois ? Même à mes débuts, j'suis une écrivain ratée. Tu trouves pas que ça ressemble au boulot de Frankestein ce bordel ? Tant pis...
Ma plume/mon clavier est à sec.
Mon cerveau aussi.



Je suis une névrosée.


De la pire espèce. Du genre à se créer des problêmes pour pouvoir en parler, pour pouvoir écrire. Du genre à manipuler juste pour le plaisir de mentir et de se sentir lucide. Du genre à bouffer que des chocapics.
Tu sais ta voisine ? Celle qui écoute la BO de La liste de Schindler à trois heures du mat', et quand c'est pas du J.Williams, c'est du Tchaïkovsky. Celle qui, quand tu la croises sur le pallier, te murmure un « bonjour » inaudible à cause de l'énorme casque qu'elle s'est gréffée sur les oreilles. Et ben, cette voisine, c'est moi.
Creepy, isn't it ?


Ouaip. J'suis la fille bizarre dont tu riais au collège, que tu évitais au lycée, et que tu ne remarques même plus à la fac. Tant pis...


J'ai décidé de te dire la vérité, ma vérité. Enfin presque...
Comme je suis vide et pleine de maux, j'vais juste raconter le néant de mes journées, le regard des autres, les livres, ce que je vois dans le miroir, les nuits blanches, la pluie sur Lyon, les musiques, les névroses et les chocapics, les mensonges, les bribes d'histoires, les films, Frankestein, les jours noirs, les voisins et les collocataires, tout ce qui est vrai et tout ce qui ne l'est pas.



La vérité, toute la vérité, rien que la vérité. Amen.


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NAME ME LILY

 

> The Black Keys.Lies.
You said the moon was ours.
Lies, lies, lies, Oohh lies !

Vendredi 30 décembre 2011 à 19:20

30 Décembre 2011
BLAME IT ON MY A.D.D.

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J'ai perdu ma plume.

J'ai beau essayer encore et encore. Je me jettes. Je balance un premier jet avec tout l'espoir qu'il me reste. Je rature, je recommence. Je modifie, je bricole, je raccorde, je copie-colle, je n'arrive à rien, j'efface. Et j'ai plus la force de recommencer depuis le début.
Et même lorsque j'écris un beau et long texte dont je suis fière, lorsque je vais me coucher, épuisée par des heures de travail, lorsque je me réveille le lendemain avec les idées claires et la sensation d'avoir accompli quelques choses, lorsque je relis ce même texte, instantanément une pensée me vient à l'esprit... « Mais... C'est mauvais. ».

J'abandonne, j'efface, j'essaye de m'encourager, me dire qu'une autre idée me viendra ce soir, une autre muse, d'autres mots. Mais c'est toujours la même histoire. J'hésite, je ne sais pas, j'ai mal à la tête, j'utilise un mot, puis un autres, les phrases n'ont aucun sens.
J'suis peut être Rimbaud. Peut être que je n'écrirais plus jamais rien de bien. Peut être que je vais devoir me mettre à boire pour recommencer à gratter. Peut être que je ne peux plus écrire.
C'était mon identité. Les gens se rappellaient de moi comme « la fille qui écrit ». Je lisais dans le regard de ma petite mère tellement de fierté. Et maintenant tellement de tristesse quand elle s'apperçoit que je n'ai rien écrit depuis un an... Tellement de déception.

J'ai perdu la seule chose qui me donnait envie de vivre.


 

> Awolnation.Sail.
Maybe i should cry for help.
Maybe i should kill myself.
Blame it on my A.D.D, baby.

Mercredi 4 janvier 2012 à 22:21

7 Janvier 2012
HELLO DARKNESS, WHAT'S UR NAME TODAY ?

 

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     J'ai vainement tenté de me souvenir la sensation qui habite le coeur lorsque l'on rentre chez soi et qu'une famille nous attend. Je crois que c'est quelque chose d'infime. C'est comme une mélodie au piano dans une bande-originale. On y est tellement habitué, on vit tellement l'instant, qu'on ne l'entend pas, mais les autres la percoivent. Et un jour, quand la dernière note a été joué, on se rend compte de son absence. Il manque quelque chose. Un jour, on apprend à la percevoir chez les autres. On se souvient avec amertume. Et puis on ne se souvient plus que de l'amertume. C'était quoi la partition ? Comment ça sonnait déjà ? On ne sait plus. Mais pour cultiver en soi tant de souffrances, la mélodie devait en valoir la peine...

    Cette maison est vieille. Ça craque de tous les côtés. Ça pue le fantôme. Ça pue le fantôme qu'on a essayé d'oublier. Je touche, tremblante, le bois usé de la rampe. Et j'entends, dans un echo, les pas dévaler les escaliers. J'entends... Oui, j'entends, dans un murmure, les hurlements qui viennent des chambres. Les crises de rires, les crises de nerfs. Soudain, l'ancienne musique s'empare de moi. Elle m'entraine dans le flashback mal fait d'un film américain. Avec la lumière éblouissante et le décor qui rajeunit. Il fait grand jour dans le jardin. Il fait toujours grand jour dans un flashback. Ça se précipite dans tous les sens. Le gros sac vert dans la cuisine. Vite, les bouteilles d'eau ! On a rien oublié ? J'échappe rapidement à ce capharnaüm et me faufile par la porte d'entrée, dont les cloches suspendues tintent. Là, juste devant, une voiture est garée. Et dedans, une petite fille attend avec tant d'impatience le départ en vacances, qu'elle a déjà attaché sa ceinture. Je crois que c'est moi. J'ai mes yeux en tout cas. Mais ce sourire... Je ne le reconnais pas. Il est pourtant sur toutes les photos. Je l'ai surement perdu ou cassé en chemin. Je ne sais pas comment le refaire; il est tellement... Réel.

    C'est l'hiver et la maison est calme. Un feu brûle vivement dans la cheminée. Cette même petite fille, avec ce même sourire, profite de son rhume pour rester avec sa petite mère. Toutes deux, enmmitoufflés dans de grands pulls en laine, boivent des chocolats chauds, assises près du feu, et font un puzzle. Ça transpire l'insouciance. Comme une de ces photos que l'on garde, juste pour se rappeller que le bonheur, ce mythe dont on nous parle tant, il a existé un jour.
Sans prévenir, l'enfant éclate de rire. Ce rire... C'est cette musique ! Chaque éclat, chaque note, transporte une dose infinie d'euphorie et de serénité. Ce rire, c'est ce qui vous fait croire qu'il existe malgré tout quelque chose de bon dans cette vie. C'est moi, ça ? Ces rides au coin des lèvres, ce nuage d'optimisme, ce coeur transparent, c'est moi ? Vous êtes sûrs que vous ne vous êtes pas trompés de flashback ? Oui, je reconnais le grain de beauté sur le pied droit. Et cette vague rêveuse au fond des yeux. Celle-là, je l'ai encore.
Mais si je me souviens des images, je ne parviens toujours pas à retrouver les émotions. Anésthésie générale.

    L'hiver passe, revient l'été, les éclaboussures de bonheurs. L'automne, les disputes, les chamailleries. L'hiver, le bonhomme de neige, la luge dans l'escalier du jardin. Le printemps. La vie respire à travers tous les murs. Les courses poursuites, les jeux, les enfants qui grandissent. De nouveau l'hiver, de nouveau l'été, mais sans que l'on s'en rende compte, c'est l'hiver qui s'installe. Les enfants s'en vont, les pères aussi. La maison meurt. Les rires s'évanouissent. On se dit que plus aucun ciel bleu, plus aucun soleil ne ravivera ces souvenirs. Avec le tempps, mêmes les fantômes seront oubliés. Bientôt une autre famille viendra remplir cet endroit, de vie, de souvenirs, de fantômes.

    Et nous ? Nous, on s'en va. Mais si ça, les instants, l'insouciance, la lumière, si ça, ça a été possible, qui dit que ça ne le sera pas encore une fois ? Au fond, c'est pas si important de se souvenir de ce que c'était. Puisqu'on peut toujours s'imaginer comment ça sera.
Alors on repart, avec un bagage lourd, trop lourd d'amertume et de nostalgie, et seulement un peu d'espoir pour alléger tout ça. Mais on repart surtout avec l'envie. L'envie de composer une nouvelle mélodie.


> Radical Face.Welcome Home, Son.

Lundi 9 janvier 2012 à 21:57

Vendredi 13 Janvier 2012
TOMORROW MORNING


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        Et demain ?
 

Demain sera probablement gris. Pas de lumière éblouissante traversant mon rideau, pas d'incroyable lever de soleil qui se donne en spectacle. Pas non plus d'orage dévastateur, ni de noirceur hivernal. Juste du gris, terne et inconnu. Peut-être un brouillard côtonneux qui m'empêchera de voir plus loin que l'aujourd'hui de demain.
Demain sera un enchaînement de questions sans réponses. Une suite d'interrogations futiles, du vital « qu'est-ce que je vais manger ? » au déséspéré « qu'est-ce qu'il y a après ? ». Qu'est ce que je vais écouter ? Qu'est-ce que je vais regarder ? Comment je vais me distraire ? Me distraire des vraies questions...
Demain je serai peut-être une adulte. Une grande, qui prend sa vie en main. Comment on fait ça d'abord ? Comment on fait pour vivre sa « vraie vie » ? J'aimais bien la fausse vie d'enfant... C'est typiquement moi ça ! Toujours à regarder hier, questionner demain. Jamais à vivre aujourd'hui.
J'ai un problême temporel. Hier était tellement noir, demain est terriblement flou. Et Aujourd'hui ? J'attends demain...
Demain je serai peut-être écrivain.

        Demain, c'est samedi, demain je dors.
        Demain sera.


(Et moi j'étais.)
 

> Alan Silvestri.Forrest Gump.

Samedi 14 janvier 2012 à 16:40

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